reçu le dimanche 15 Mai 2016 à 18 heures 06
Sans avoir lu encore tout le papier, je réagis
très favorablement au titre-diagnostic. La mondialisation – sous l’apparence
d’une liberté des échanges et transactions, en jouant d’ailleurs sur le
mot-fétiche de liberté - détruit la démocratie. Preuve s’il en est : le
secret absolu sur les négociations et les textes du traité transatlantique.
L’entreprise a commencé dès l’apparition des Communautés européennes (ce qui
montre bien que celles-ci sont l’antidote : proposition dès Décembre 1958
à l’O.E.C.E. d’une « grande zone de libre-échange », puis
propositions de Dillonround, de Kennedyround et candidature britannique au
Marché Commun en 1961). Le but est de détruire les Etats – seule entité sur
laquelle la démocratie puisse avoir prise et y instituer un gouvernement en
seule vue du bien commun.
En France, le processus s’accélère : la
disparition du secteur public industriel, la sous-traitance du service public
(jusques dans le recouvrement des impôts) et le gouvernement quelle que soit
son étiquette impose en tout l’idéologie libérale du non-Etat avec comme
critère pour toute activité, et à terme pour toute personne humaine : la
rentabilité. La démocratie n’est pas seulement la survivance de l’élection libre
pour toute représentation, elle est la participation aux décisions, elle doit
être l’obligation de recourir au vote, les candidatures et pétitions doivent
être à la portée de chacun. L’entreprise elle-même doit devenir démocratique.
Donc, le rebours des pratiques politiques d’aujourd’hui, figeant tout pour cinq
ans, et des textes imposés pour la vie de l’entreprise.
L’antidote me semble rester l’Europe et son
exemplarité – on en est évidemment aux antipodes depuis vingt ans. Exemplarité
d’une construction plurinationale et multi-étatique, admettant même en son sein
des communautés (les migrants non territoriales et non étatiques). Construction
organisant solidarité et défense, solidarité entre entités et Etats membres,
défense vis-à-vis de l’extérieur au plan militaire comme au plan idéologique.
Avec toutes les libertés d’échanges et de circulations. Mais certainement le
tarif extérieur commun, fondateur des Communautés européennes, et évidemment la
démocratie en interne : élection du président de l’Union au suffrage
direct de tous les citoyens européens, prérogatives de ce président pour en
appeler au referendum dans les matières prévues par le traité ou la
fondamentale, refondant l’Union. Ce texte devra prévoir le droit de sécession
puis de réintégration. La monnaie unique sera gérée politiquement, comme elle
l’était dans chaque Etat avant l’euro. On pourra être directement de l’Union
sans avoir ou sans prendre la nationalité d’un des Etats-membres. Etat de droit
exemplaire, fonctionnement vraiment ouvert et accessibvle de la Cour
européenne. Dans le reste du monde, l’ensemble défendra les peuples les plus
pauvres ou asservis par d’autres ou par leurs propres systèmes de dictature, et
contribuera à un nouvel ordre mondial, à des institutions mondiales auxquelles
participeront les Etats mais aussi les peuples (système de deux assemblées
mondiales, l’une des peuples, l’autre des Etats – et peut-être une troisième
pour les entités non étatiques, les organisations non gouvernementales), etc…
la dynamique fera le reste, si bien commun et démocratie sont considérées comme
la seule forme et le seul objet de la vie en société.
BFF – lundi matin 16 Mai 2016
Par le Parti de la démondialisation (Pardem).
Le 15 mai 2016.
Quand le Parti de la démondialisation parle de la mondialisation, il s’agit évidemment de la mondialisation néolibérale. Et lorsqu’ il parle de la démondialisation, c’est bien de la sortie de l’ordre néolibéral mondial dont il est question.
Dans l’étude présentée aujourd’hui, le Pardem montre, à la suite d’un certain nombre d’auteurs, que la mondialisation néolibérale est un processus d’essence politique. Il trouve ses fondements dans la nécessité pour les classes dominantes de trouver une parade efficace face aux conquêtes sociales du XXe siècle : New Deal aux États-Unis en 1933, Front populaire en France en 1936, régimes d’économie mixte en Europe de l’ouest de 1944 à 1948, conquis sociaux des années 1960 et 1970, luttes de libération nationale des pays colonisés…
Le projet néolibéral, théorisé dès les lendemains de la Seconde Guerre mondiale, va se déployer à partir de la fin des années 1960 et se généraliser au début des années 1980. Son but essentiel est la suppression discrète et progressive de la souveraineté des États-nations, c’est-à-dire la destruction de la démocratie et de la politique.
Tel est en effet le moyen le plus efficace pour interdire toute possibilité de politiques qui pourraient contrevenir aux intérêts des classes dominantes incarnés en particulier dans les firmes multinationales.
Ce projet repose sur trois piliers :
Premier pilier : le libre-échange. Il ne met pas simplement des produits en concurrence, mais des systèmes sociaux, rendant à terme intenables ceux qui ont concédé des acquis sociaux substantiels dans les décennies d’après-guerre.
Deuxième pilier : la libéralisation financière. C’est le libre-échange appliqué à l’argent, permettant aux flux financiers et monétaires de spéculer massivement et immédiatement à l’échelle du globe, sans restriction. La production mondiale est alors réorganisée en privilégiant les sociétés sans protection sociale et à bas salaires (délocalisation particulièrement). Du fait d’avoir placé les dettes publiques sous la dépendance des marchés financiers, les États sont désormais menacés de voir leurs finances publiques et leur économie productive déstabilisées s’ils n’exécutent pas docilement les principes cardinaux du néolibéralisme.
Troisième pilier : les traités internationaux et les institutions multilatérales. Ils sont les gardiens de l’ordre néolibéral mondial, tenant ce dernier hors de portée de toute pression démocratique. L’Union européenne et l’euro en sont le chef d’œuvre.
L’agencement de ces trois piliers vise à permettre l’activité la plus libre possible pour les firmes multinationales. Celles-ci, possédées par les classes dominantes, sont le vecteur fondamental de la captation du profit. Pour assurer la pérennité du système, une guerre idéologique permanente est menée grâce au contrôle, par les classes dominantes, des grands médias planétaires.
Aucun parti politique ne fait cette analyse et n’en tire les conséquences qui s’imposent. Sauf le Pardem.
- Pour accéder à l’étude «
La mondialisation a été conçue pour détruire la démocratie », cliquez
ci-dessous :
http://www.pardem.org/analyses/la-mondialisation/329-la-mondialisation-a-ete-concue-pour-detruire-la-democratie
- Pour participer au forum
internet « C’est quoi la mondialisation néolibérale ? » cliquez ci-dessous
:
http://www.pardem.org/forum/debats/3-c-est-quoi-la-mondialisation-neoliberale
La mondialisation a été conçue pour détruire la démocratie
La
présente analyse, proposée par le Parti de la démondialisation (le Pardem),
porte sur la mondialisation néolibérale. Elle s’articule avec les autres textes
du Pardem qui traitent spécifiquement de la démondialisation. Nous montrons, à
la suite d’un certain nombre d’auteurs, que la mondialisation néolibérale est
un processus d’essence politique. Il trouve ses fondements dans la nécessité
pour les classes dominantes de trouver une parade efficace face aux conquêtes
sociales du XXe siècle : New Deal aux États-Unis en 1933, Front populaire en
France en 1936, régimes d’économie mixte en Europe de l’ouest de 1944 à 1948,
conquis sociaux des années 1960 et 1970…
Le
projet néolibéral, théorisé dès les lendemains de la Seconde Guerre mondiale,
va se déployer à partir de la fin des années 1960 et se généraliser au début
des années 1980. Son but essentiel est la suppression discrète et progressive
de la souveraineté des États-nations, c’est-à-dire la destruction de la
démocratie et de la politique. Tel est en effet le moyen le plus efficace pour
interdire toute possibilité de politiques qui pourraient contrevenir aux
intérêts des classes dominantes. Ce projet repose sur trois piliers :
Premier pilier : le libre-échange. Il ne met pas simplement des produits en concurrence,
mais des systèmes sociaux, rendant à terme intenables ceux qui ont concédé des
acquis sociaux substantiels dans les décennies d’après-guerre.
Deuxième pilier : la libéralisation financière. C’est le libre-échange appliqué à
l’argent, permettant aux flux financiers et monétaires de spéculer massivement
et immédiatement à l’échelle du globe, sans restriction. La production mondiale
est alors réorganisée en privilégiant les sociétés sans protection sociale et à
bas salaires (délocalisation particulièrement). Les États sont menacés de voir
leur dette publique et leur économie productive déstabilisées s’ils n’exécutent
pas docilement les principes cardinaux du néolibéralisme.
Troisième pilier : les traités internationaux et les institutions multilatérales. Ils sont
les gardiens de l’ordre néolibéral mondial, tenant ce dernier hors de portée de
toute pression démocratique.
L’agencement
de ces trois piliers vise à permettre l’activité la plus libre possible pour
les firmes multinationales. Celles-ci, possédées par les classes dominantes,
sont le vecteur fondamental de la captation du profit. Pour assurer la
pérennité du système, une guerre idéologique permanente est menée grâce au
contrôle, par les classes dominantes, des grands médias planétaires.
Aucun
parti politique ne fait cette analyse et n’en tire les conséquences qui
s’imposent. À part le Pardem.
La démondialisation consiste à retrouver la
souveraineté nationale, c’est-à-dire la possibilité de la démocratie.
Elle
permettra de mettre un terme au libre-échange, à la financiarisation des
économies, aux traités internationaux néolibéraux et aux institutions
supranationales mises en place pour les appliquer. La prise de contrôle des
filiales nationales des firmes multinationales et des firmes multinationales
elles-mêmes dans leurs États d’origine, ainsi que des grands médias, portera un
coup fatal aux classes dominantes dans les pays qui sauront organiser cette
mobilisation. C’est l’action que mène le Parti de la démondialisation (le
Pardem) en France.
Pour
en savoir davantage sur la démondialisation, cliquez ci-dessous :
I.- La mondialisation
néolibérale : un projet essentiellement politique qui trouve ses raisons dans
les conquêtes sociales et démocratiques du XXe siècle
Le
concept de mondialisation fait partie de ces mots tellement utilisés dans
toutes sortes de contextes, sans jamais en préciser le sens, qu’ils en perdent
toute signification rigoureuse. Il ne s’agit pas ici de faire une nouvelle fois
une distinction subtile et inutile entre « globalisation » et « mondialisation
», ou autres débats creux que ce terme aura eu la particularité de générer.
Disons-le une fois pour toutes : notre sujet est la mondialisation néolibérale,
celle qui a commencé vers la fin des années 1960 pour finalement devenir
manifestement la nouvelle forme du capitalisme dans les années 1980 et 1990. Il
ne s’agit donc en aucun cas non plus, d’assimiler cette forme de capitalisme au
mouvement multiséculaire qui a vu depuis les grandes découvertes du XVIe siècle
le développement des échanges entre les différentes sociétés du globe à travers
la colonisation, l’extension du capitalisme et de la forme étatique, puis
l’explosion des moyens de communication modernes.
Le capitalisme a choisi la mondialisation pour
échapper aux processus démocratiques.
Le
phénomène qui nous mobilise est bien plus circonscrit, c’est celui que l’on
peut qualifier de projet le plus politique des classes dominantes depuis les
grandes révolutions de la fin du XVIIIe siècle. Il s’est en fait agi de
transformer la forme institutionnelle du capitalisme pour qu’il puisse
durablement échapper à toute pression politique et donc démocratique. Pour
obtenir ce résultat stratégique, il s’agissait de sortir le capitalisme le plus
possible du cadre contraignant de la souveraineté nationale. Celle-ci,
induisant mécaniquement des processus démocratiques dans les pays occidentaux,
commençait à menacer durablement et significativement les taux de profit. La
pérennité du capitalisme lui-même pouvait vaciller si perdurait la pente
caractéristique entamée dans la première moitié du XXe siècle après la Première
Guerre mondiale.
En
effet, la forme devenue politique des États occidentaux avait provoqué, au
début du XXe siècle, une structuration nationale du mouvement ouvrier et des
salariés en général. Après bien des difficultés et hésitations, ils s’étaient
organisés en syndicats et partis politiques nationaux. Ils pouvaient enfin peser
sur l’élaboration des lois, contrepoids inédit à la force des classes
dominantes capitalistes, habituées pendant tout le XIXe siècle à la confortable
situation qui faisait des institutions politiques, administratives et
juridiques, leur chasse gardée.
Devant
cette menace, la première réaction fut de démanteler les institutions
politiques de l’État de droit puisqu’elles risquaient de faire parvenir au
pouvoir des forces anticapitalistes. Même si, mis à part l’Union soviétique
dans un premier temps, cela restait à l’état de menace (situation pour elles
déjà intolérable). Des conquêtes sociales et politiques durables étaient
cependant régulièrement obtenues dans le cadre des régimes représentatifs
bousculés par l’invention radicalement subversive des partis politiques de
masse. Nous les qualifions de « masse
» parce qu’il ne s’agit plus de partis confidentiels rassemblant la
bourgeoisie, même républicaine, mais de partis politiques organisant le
mouvement ouvrier et démocratique. Ils complètent la forme syndicale en lui
donnant enfin des débouchés politiques et institutionnels concrets
substantiels. Le fascisme, dans les cas les plus critiques, ou les manœuvres
antidémocratiques diverses, furent donc la première réponse des classes
dominantes à cette menace nouvelle. Mais les gigantesques bouleversements de la
Seconde Guerre mondiale firent comprendre que cette solution ne pouvait en
aucun cas être durable, et se révélait même particulièrement contre-productive.
En effet, les pays sortis de ce traumatisme prenaient le contre-pied de toutes
les involutions antidémocratiques de l’entre-deux guerres, démocratisant comme
jamais les États occidentaux. Et la menace interne et externe des mouvements
communistes, organisés en puissant partis nationaux, perdurait et s’amplifiait,
après leur rôle stratégique dans la lutte victorieuse contre le nazisme. Bref,
il était plus qu’évident qu’il fallait trouver une parade autrement plus
efficace que le fascisme.
C’était
d’autant plus évident et pressant que la nouvelle forme des États, notamment en
Europe, aboutissait à des formes que rétrospectivement l’on peut qualifier de
mixtes, entre capitalisme et ébauche d’une démocratie étatique véritable. Bien
sûr la route était encore longue avant de réellement faire vaciller le capitalisme
sur ses bases. Mais on en prenait indéniablement le chemin. C’était l’extension
inédite de la fonction publique, dont les fonctionnaires, devenus si nombreux,
échappent à vie au marché du travail. C’était l’ampleur des nationalisations et
la Sécurité sociale qui ponctionne sur la valeur ajoutée des sommes
gigantesques en les socialisant directement. Elle rééquilibre ainsi
significativement le rapport de force capital-travail jusqu’alors intégralement
favorable au capital, en sortant la condition salariale d’un pur rapport
contractuel. C’était l’ampleur sans cesse grandissante du droit du travail,
l’absence de tout chômage de masse, la planification politique de l’économie,
la place grandissante des syndicats dans l’entreprise. Tout cela dessinait un
paysage institutionnel incomparable par rapport à la toute-puissance du
capitalisme pendant tout le XIXe siècle, quelles qu’aient été alors la vigueur
des insurrections populaires et des âpres luttes sociales de ce siècle
mouvementé.
Bien
sûr, rien ne justifie de nommer sérieusement ces décennies d’après-guerres de «
Trente Glorieuses », car les
conditions de travail et de vie de la majorité de la population restaient
particulièrement dures. Mais au-delà de ce fait, il s’agit surtout de bien
prendre conscience du changement radical et structurel de la configuration « économique » et institutionnelle de ces
décennies en Europe de l’Ouest.
Il s’agit surtout de bien prendre conscience
du changement radical et structurel de la configuration « économique » et
institutionnelle de ces décennies en Europe de l’Ouest.
Le
rapport de force avait totalement changé de nature. Les processus démocratiques
(ceux qui renforçaient réellement les classes populaires) obtenaient
régulièrement des victoires substantielles. Le capitalisme reculait
objectivement, parfois sur des secteurs absolument stratégiques pour lui, comme
par exemple le pouvoir dans l’entreprise. Ou encore le contrôle discrétionnaire
de la valeur ajoutée, du fait de la ponction obligatoire des cotisations
sociales sur tout le territoire national, garanties par la loi. Les classes que
l’on appelle à juste titre dominantes dans les États contemporains ne le sont
que parce qu’elles appuient leur puissance sociale et politique sur la
puissance que leur confère le capitalisme lui-même, qui fait fonctionner ce
mode de production si particulier exclusivement à leur profit. La nature du
capitalisme se voit donc radicalement perturbée par des processus qui lui sont
opposés. Ils commencent à changer le mode de production lui-même, comme dans
les décennies d’après-guerre. C’est alors la base même de la domination des
capitalistes qui se voit menacée à sa racine.
On
comprend aisément que les classes dominantes aient pris la décision collective
de réagir vigoureusement à cette menace à proprement parler existentielle.
Puisque
la voie fasciste s’était révélée une impasse particulièrement contre-productive
à moyen terme, il fallait obtenir les mêmes avantages (démanteler les processus
démocratiques) d’une manière à la fois plus subtile, et surtout plus efficace
et durable. C’est la mondialisation néolibérale du capital qui fournira la
réponse idéale. Et de fait, on ne peut que constater la spectaculaire réussite
de cette stratégie gagnante pour les classes dominantes.
Puisque
la configuration institutionnelle qu’avaient fini par prendre les sociétés
politiques étatiques occidentales au XXe siècle s’était révélée inséparable de
processus démocratiques une fois surmontée l’épreuve fasciste, c’était
précisément cette configuration qu’il fallait stériliser. Le cœur du mécanisme
qui produisait ces pressions démocratiques au sein des États européens était la
conjugaison des processus électoraux basés sur le suffrage universel,
l’organisation politique des citoyens par le biais de puissantes structurations
de partis politiques, et l’exposition des députés, créateurs des lois
nationales dans des États souverains, à des pressions électorales extérieures
au parlement.
Ces pressions électorales sont beaucoup plus
structurées qu’auparavant grâce aux partis politiques nationaux, dont désormais
les députés dépendaient pour leur réélection.
Cela
permettait aux puissantes luttes sociales d’être plus efficaces par
l’amélioration de la structuration nationale des syndicats, la nouvelle interaction
avec les partis politiques naissants leur donnant accès à des enjeux
directement législatifs. Ces luttes seront encouragées par les victoires
politiques qu’elles remportaient parfois. Elles pouvaient, en effet, faire
pression sur les appareils dirigeants des partis politiques pour qu’ils
obtiennent au parlement qu’on entérine telle ou telle revendication. Il faut
rappeler que tous ces phénomènes étaient relativement nouveaux, et n’existaient
pas ou à peine à l’état embryonnaire au XIXe siècle. Et le XIXe siècle est le
siècle du capitalisme triomphant.
Le
XXe siècle, de ce point de vue, est celui où le capitalisme est contraint de
transiger sur des questions essentielles, c’est celui des conquêtes sociales.
La
courroie de transmission avait mis plusieurs décennies à s’établir entre les
exigences démocratiques de la base et la superstructure institutionnelle, mais
on avait finalement obtenu un fonctionnement à peu près opérationnel. Tout cela
dépendait néanmoins de la capacité reconnue du parlement, censé représenter la
volonté générale de la nation, de légiférer de manière générale sur
l’intégralité des sujets qui concernaient la communauté nationale. Autant dire
qu’aucun sujet économique et social ne lui échappait. Cela permettait aux
pressions démocratiques de s’exercer sur l’intégralité de la mise en place
institutionnelle et juridique du capitalisme, et d’obtenir des avancées
sociales et politiques en fonction de l’état des rapports de force.
II.- La mise en place d’un
projet singulier : la suppression discrète et progressive de la politique et de
la démocratie par l’instauration de trois piliers institutionnels stratégiques
Les
classes dominantes avaient fait l’expérience dans les décennies qui précèdent
immédiatement la Première Guerre mondiale (ainsi que dans les années 20 à une
moindre échelle) d’une grande extension du caractère supranational du capital.
On observait une circulation internationale accrue des flux financiers et une
période historique de mise en avant du libre-échange, bref la première
mondialisation libérale du capitalisme. Les conséquences, du strict point de
vue « économique » ne furent pas brillantes. Mais le point n’est pas là. Les
années qui succèdent à la Première Guerre mondiale donnent également le signal
de départ aux grandes institutions internationales et à d’ambitieux traités
internationaux économiques. Toutes les futures caractéristiques de la
mondialisation néolibérale actuelle furent testées avant la Seconde Guerre
mondiale.
Les classes dominantes en retinrent les
conséquences pour elles en tout point stratégiques.
Ces
trois aspects essentiels, dérégulation commerciale, financière, et traités
internationaux (et les institutions multilatérales qui vont souvent avec),
avaient des propriétés convergentes et complémentaires. Ils déconnectaient les
structures et les choix économiques des capacités d’interventions des
parlements nationaux. Ils découplaient ainsi les politiques économiques des
pressions démocratiques nationales, en coupant à la racine les propriétés
politiques des États-nations. Ils libéraient le capital des initiatives
législatives autonomes, plaçant ce dernier dans un environnement institutionnel
qui débordait les capacités d’interventions légales nationales et le champ des
rapports de forces nationaux.
Il
était cependant hors de question, vu le rapport de force défavorable aux
classes dominantes dans les années d’après-guerre, de lancer en grand ce projet
néolibéral (discuté théoriquement dès la fin des années 1930). Mais
parallèlement au développement temporaire de l’État social, antinomique avec
les projets des classes dominantes, se mettent doucement en place les
institutions et les bases de ce qui deviendra plus tard la mondialisation
néolibérale.
Sous
la pression américaine, et avec l’aide de néolibéraux européens de gauche et de
droite, sont jetées les bases de la future « Union » européenne, avec la CECA
puis le traité de Rome de 1957.
Dans
les tuyaux des néolibéraux, qui peuplent de plus en plus les hautes
administrations économiques, monétaires, bancaires et financières nationales,
se met également en place une mutation de l’organisation des budgets publics et
de la gestion monétaire, prévoyant à terme une place sans cesse accrue des
marchés financiers et une dérégulation progressive de ces derniers.
Les traités internationaux se mettent à
pulluler, concernant de plus en plus de domaines qui jusqu’alors étaient le
domaine réservé des États souverains.
C’est
en particulier le cas de la politique économique, notamment commerciale. Au
début des années 1970, se met en place avec le GATT un cycle supranational,
depuis lors jamais interrompu, de dérégulation commerciale, généralisant comme
jamais le libre-échange. C’est également la fin du système monétaire des
parités de change fixes conclu lors des accords de Bretton Woods en 1944. Les
États-Unis, en 1971, unilatéralement, mettent un terme à la seule
convertibilité du dollar en or et imposent le passage au régime des changes
flottants.
Dès
les années 1970, les premières conséquences des changements structurels de la
forme institutionnelle du capitalisme ne se font pas attendre.
Le
chômage structurel fait sa réapparition dans les pays occidentaux. C’était pain
béni pour les rapports de force sur le « marché du travail » et pour discipliner
le salariat qui, depuis les années d’après-guerre, n’avait jamais été aussi
combatif. Les premiers signes de l’instabilité monétaire et financière – qui
deviendra chronique – ne se font pas attendre. Mais l’essentiel allait suivre.
Il aura lieu en Europe dans les années 1980. Le gouvernement de François
Mitterrand, dans la France de 1983, amorce un virage à 180 degrés et lance une
politique novatrice, intégralement néolibérale, privilégiant la contraction de
l’économie, la désindustrialisation massive du pays, le monétarisme, la
dérégulation financière sur une échelle et avec une rapidité inédites, la
dérégulation commerciale, la première privatisation massive des entreprises
publiques et, enfin, la création d’un vaste marché financier ouvert à tous les
vents.
La
première financiarisation intégrale d’une économie a lieu en France, sous un
gouvernement de gauche, avec des ministres communistes à son début.
Dissolution de la souveraineté nationale
Mais
ce n’est pas tout. Car avec le recul, on constate que l’essentiel n’est pas là,
sans pour autant mésestimer l’extraordinaire impact négatif durable de ces
réformes structurelles qui forment encore les nouvelles bases de notre économie
nationale. Le gouvernement Mitterrand lance avec Jacques Delors un vaste projet
très ambitieux d’accélération massive de la déconstruction à l’échelle
européenne, des bases institutionnelles sur lesquelles reposait le caractère
politique des sociétés européennes : la dissolution des souverainetés
nationales. Le grand projet du marché unique européen, puis de la monnaie
unique, et enfin le projet de constitutionnaliser les traités néolibéraux
européens, doublent toutes nos institutions nationales. Il les laisse
formellement en place mais les vide de tout contenu substantiel, au bénéfice
des institutions radicalement antidémocratiques européennes, uniquement
chargées d’appliquer les traités néolibéraux, sans aucune forme de
responsabilité proprement politique. Cette configuration institutionnelle
entérinait le projet politique le plus puissant du néolibéralisme : soustraire
la nouvelle forme néolibérale du capitalisme (dérégulation commerciale et
financière), de toute possibilité de retour en arrière par des rapports de
force sociaux, politiques et électoraux, en dissolvant entièrement les
souverainetés nationales, encadrées strictement par des traités et institutions
non politiques et non démocratiques.
Tels
sont donc les trois piliers de la mondialisation néolibérale, qui la
définissent le plus concrètement et rigoureusement : libre-échange généralisé,
financiarisation massive de l’économie, le tout à l’abri de traités
internationaux et d’institutions supranationales court-circuitant tous les
processus démocratiques.
La
nouvelle forme du capitalisme a réalisé ce qu’avait été bien incapable de faire
durablement la tentative fasciste : supprimer le caractère politique des
sociétés étatiques sans que les populations de ces États s’aperçoivent de la
suppression progressive mais radicale de tout ce qui rendait possible les
processus démocratiques. Car le tout est réalisé palier par palier, en prenant
grand soin de laisser formellement subsister les institutions de l’État de
droit, élections, constitution, parlement, lois, droit, les principes étant
donc apparemment saufs. Mais toutes ces institutions sont stérilisées,
strictement incapables de contredire le contenu de traités et d’institutions
qui leur sont extérieures, qui les surplombent sur tous les sujets les plus
structurels. Ce dernier essai des classes dominantes est donc beaucoup plus
subtil, efficace, durable, radical, que toutes les précédentes tentatives
(élections censitaires, autocratie plébiscitaire, républiques chasses gardées
des notables, fascisme, etc.).
Il
faut maintenant comprendre en quoi libre-échange, financiarisation de
l’économie et traités internationaux sont convergents et complémentaires pour
ce si stratégique projet néolibéral.
Pourquoi
le capitalisme a-t-il revêtu cette forme particulière, qui présente pourtant
des inconvénients majeurs du point de vue « économique
» toutefois très largement compensés par des avantages stratégiques
inestimables ?
III.- Les vertus
antidémocratiques du libre-échange (pour le capital)
Le
« libre-échange », comme tous les termes soigneusement étudiés du libéralisme,
sonne positivement. Sa signification réelle devrait pourtant choquer toute
personne soucieuse de démocratie. Le libre-échange concerne bien évidemment la
manière d’envisager le commerce extérieur. Or ce dernier a inévitablement un
impact sur l’économie d’un pays, c’est-à-dire sur les façons particulières à
chaque société de produire des biens et des services. Les différentes manières
d’organiser le commerce extérieur auront donc des conséquences différentes sur
les sociétés correspondantes. Quand on envisage de manière globale le commerce
extérieur entre deux pays donnés, ce ne sont pas juste des produits qui se font
face, entrant en concurrence en apparence simplement à travers des prix
différents. Il s’agit en réalité de deux systèmes sociaux, historiques et politiques
différenciés qui s’entrechoquent sans plus rien pour aménager
institutionnellement ces différentes manières d’organiser la production à
l’échelle d’un pays.
Quand on présente le libre-échange comme un
facteur de paix et d’ouverture, on profère tout simplement une grossière
contre-vérité, puisqu’il est au contraire un puissant facteur objectif de
déstabilisation et de tension internationale.
Pour
prendre un seul exemple récent, le « libre-échange
» imposé par traités entre l’Allemagne et la Grèce ne semble pas avoir
rapproché ces deux sociétés et ces deux peuples différents. Les institutions
néolibérales de « l’Union »
européenne sont d’ailleurs de manière plus générale un très puissant facteur de
désunion des différents pays piégés dans cet avion sans autre pilote,
automatique, que le marché, qui ne va jamais que dans la même et unique
direction : celui des classes dominantes.
Si
on se libère du fétichisme de la marchandise, à travers son prix qui masque le
principal de ce qui fait la réalité d’un produit ou d’un service donné, on peut
de nouveau se souvenir que ce fameux prix est le résultat d’une infinité de
facteurs croisés. Ils n’ont au final que peu de rapport avec un « marché » :
rapports de force sociaux et politiques aboutissant aux réglementations et lois
régissant le droit du travail, salaires, conditions de sécurité de la
production, lois environnementales, infrastructures publiques financées par
l’impôt public, imposition et taxes sur les entreprises, cotisations sociales,
organisation de la production à l’échelle régionale et nationale, transmission
d’un savoir-faire collectif, système monétaire et bancaire, politiques
économiques publiques, etc. La liste est à vrai dire infinie.
Ce
sont ces systèmes sociaux et politiques qui se confrontent à travers le
commerce extérieur, avec pour seule information, très pauvre et réductrice, un
prix de vente.
Lorsque
deux pays aux productivités très différentes, aux salaires moyens très
différents, aux modes de production très différents, aux régimes politiques et
sociaux contrastés, avec des modes d’imposition, des contraintes sécuritaires
et environnementales variés, confrontent leur « économie » – ce terme lui-même
est trompeur et réducteur – respective, les prix différents de produits
similaires traduisent en réalité deux manières extrêmement variées d’organiser
la société. Et ce n’est pas la confrontation automatique de deux prix
différenciés qui pourra rendre justice de cet immense contraste, l’information
du prix étant très pauvre et totalement inadaptée pour refléter des réalités
aussi complexes.
Or
la théorie du libre-échange nous affirme qu’il ne faut pas nous inquiéter de
ces contrastes immenses, car la concurrence libre, uniquement guidée par la
confrontation entre deux prix, se chargera d’organiser automatiquement
l’ajustement entre ces deux sociétés. Et, de plus, elle le fera au mieux pour
chacune d’entre elles.
Ce sont ces présupposés délirants qui fondent
la théorie cent fois démentie par les faits et par l’histoire, celle des «
avantages comparatifs » de Ricardo.
Lorsque
règne le libre-échange, la seule « régulation
» autorisée est donc uniquement celle, automatique, du marché international.
Chaque « économie » (comprendre
chaque société), du fait de cette violente concurrence internationale, non
régulée, va alors devoir abandonner les secteurs économiques non «
concurrentiels » à l’échelle internationale, et se spécialiser uniquement, mis
à part les secteurs des biens et services non délocalisables, dans les secteurs
productifs où cette société parvient à avoir les prix les plus bas à l’échelle
internationale. À cette échelle mondiale, cette théorie (qui serait risible si
elle n’avait eu des conséquences aussi sinistres) nous prédit sans sourciller
que tout sera rééquilibré (tant au niveau de la demande globale que celui de la
production). Le « marché »,
devenant mondial, sera plus efficient, puisque chaque secteur sera devenu plus
« productif ».
La réalité nous montre bien évidemment un tout
autre tableau.
Le
libre-échange, c’est le refus de réguler les échanges extérieurs autrement que
par le prix sur un marché.
Cette
brutale confrontation entre des modes de production différents, des sociétés
différentes, des régimes politiques et sociaux différents, est un
extraordinaire facteur de déstabilisation des sociétés qui y sont confrontées.
C’est un moteur très puissant d’aggravation spectaculaire des inégalités entre
chaque pays et à l’intérieur de chaque pays. C’est tout à fait logique
puisqu’il n’est plus du tout tenu compte des délicats équilibres (et
déséquilibres) internes, et que la brutalité de la confrontation entre deux
économies différentes fait s’écrouler inexorablement des pans entiers de
production. Ce système coince les pays du tiers-monde dans des secteurs de
production primaires, peu rentables, fragiles. En régime de libre-échange, la
spéculation de gros acteurs financiers est brutale et incontrôlable, elle rend
impossible le développement d’un secteur secondaire, pousse les économies
émergentes dans des stratégies mercantiles, comme la Chine par exemple,
comprimant leur marché intérieur, donc sacrifiant leur développement interne
équilibré, afin de s’assurer la conquête des économies extérieures. Elle
précipite les économies occidentales dans un chômage de masse structurel et
menace tous les acquis sociaux. Splendide résultat !
Par
ailleurs, les enseignements de l’histoire économique auraient dû suffire pour
nous rappeler que la réalité ne saurait être plus éloignée des suppositions
délirantes qui soutiennent les hypothèses justifiant le « libre-échange ».
Tous les développements des principales
économies occidentales, leur expansion, se sont produits en régime
protectionniste.
Les
rares périodes historiques de libre-échange généralisé (comme les dernières
décennies du XIXe siècle), se sont soldées par des crises et tensions
internationales immenses. Cela se vérifie encore aujourd’hui. En outre, et
contrairement au discours dominant, le libre-échange n’est pas automatiquement
un multiplicateur des échanges commerciaux extérieurs. Comme tout phénomène de
croissance, les échanges extérieurs dépendent d’une demande globale. Or le
libre-échange, à moyen terme, est un facteur de compression de la demande
globale, de déflation. Les échanges extérieurs, au bout d’un certain temps, ne
peuvent donc que pâtir eux-mêmes de la pression déflationniste exercée
mécaniquement par le libre-échange (faisant baisser les prix et les salaires).
A contrario, certaines mesures protectionnistes, lorsqu’elles favorisent
efficacement le développement des économies nationales, constituent un facteur
de croissance, et donc de développement structurel des échanges.
Le vrai-faux concept de protectionnisme.
Il
faut souligner ici que le mot « protectionnisme
» recouvre un concept pauvre, forcément vague, pouvant contenir une infinité de
réalités différentes. Le concept lui-même de libre-échange ne signifie que
l’interdiction de toute intervention légale étatique sur le commerce extérieur
destinée à réguler la confrontation entre deux économies et sociétés
différenciées. Il s’ensuit que toutes les manières de réguler les échanges
tombent sous le vrai-faux concept de « protectionnisme
». C’est-à-dire que les questions principales, d’ordre politique et non
économique, déterminant les différentes manières de contrôler les échanges
extérieurs, aussi contrastées qu’elles peuvent être, certaines éminemment
souhaitables, d’autres détestables, sont ramenées au même terme, non descriptif
: le « protectionnisme ».
Ce
que refoule d’ailleurs le libre-échange, et c’est là en fait sa vraie fonction,
ce n’est pas autre chose que la nécessité de la politique et de la démocratie.
Le
« marché », par le biais de la
miraculeuse concurrence, est censé fonctionner de manière efficiente et
paisible. C’est le dernier principal aspect qu’il faut envisager lorsqu’on veut
bien réfléchir de manière critique sur cette opposition absurde entre « libre-échange » et « protectionnisme ». Elle masque en réalité
le véritable choix dont cette opposition dépend : le marché ou la démocratie.
Marché ou démocratie, il faut choisir.
Cela
devrait être évident pour tout le monde. Quel sens peut-il bien y avoir à
lutter pour obtenir une organisation du travail, de la production, des
infrastructures publiques, le respect des équilibres environnementaux, des
retraites décentes, l’éradication du chômage de masse, établir pour cela de
durs rapports de force, si, en parallèle, des produits et des services, issus
de conditions de travail et de sociétés radicalement différentes, compromettent
la viabilité économique de ces compromis ? Autant abandonner tout de suite la
notion d’État de droit et marchandiser totalement la société, comme nous le
conseillent les idéologues forcenés du néolibéralisme.
Les
processus démocratiques sont des rapports de force qui ne jouent pas dans
l’espace intersidéral, mais sur un territoire étatique précis. C’est-à-dire là
où les lois peuvent être changées. Là où des solidarités pérennes peuvent
s’établir, où des mouvements sociaux ou politiques représentant les intérêts
des salariés peuvent se structurer efficacement. Là où la population peut
bénéficier d’un statut de citoyen et donc peser d’une manière ou d’une autre
sur l’établissement des lois lorsque le néolibéralisme n’a pas court-circuité
la souveraineté nationale. Là où des équilibres institutionnels peuvent
entériner des victoires légales. Rien de tel n’est possible d’un pays à un
autre. Le libre-échange, faisant fi de tels équilibres, est d’ailleurs
encouragé précisément pour cette raison. Il rend caducs à terme les compromis
démocratiques obtenus dans une société par la concurrence avec une autre
société où les conditions de production n’ont pas bénéficié de semblables
avancées.
Derrière
la façade ridicule d’arguments cent fois démentis par les faits, « le libre-échange stimule une économie la poussant à
être plus productive, plus concurrentielle, plus spécialisée, tout le monde y
gagne, bla bla bla », auxquels plus personne ne croit, même ceux
qui les profèrent encore, se cache cet objectif inavouable. Il est le suivant :
« vous devrez progressivement abandonner
toutes vos victoires sociales et démocratiques face à la concurrence des pays
sans droits sociaux et démocratiques, auxquels nous avons ouvert tout grand les
frontières, et qui force les entreprises à disparaître ou à s’adapter, à
contraindre les gens à accepter de baisser sans cesse leurs droits chèrement
acquis après des décennies de luttes démocratiques. »
Les
bonnes âmes de gauche stigmatisent un tel discours en arguant que le problème
est nos capitalistes nationaux et pas les économies émergentes qui ont tout
misé sur une stratégie mercantiliste. Foutaises ! Elles sont ainsi les apôtres
« progressistes » du
néolibéralisme. Elles sont en fait ravies que les États ne disposent plus des
manettes de l’économie. Car leur idéal, leur priorité, à ces bonnes âmes de
gauche, depuis des décennies, n’est pas la démocratie ou le progrès social.
Leur priorité est le démantèlement de l’État et de la souveraineté nationale,
qu’ils détestent plus que tout, les assimilant aux guerres et au totalitarisme.
Faisant mine de défendre ses victimes (et croyant le faire pour les plus
naïfs), elles défendent autant qu’elles le peuvent les structures
institutionnelles qui ont transformé nos États en sociétés dépourvues de pouvoir
politique. Plus personne, alors, ne disposant de moyens collectifs pour peser
sur les structures économiques et sociales.
Tout le monde peut comprendre que les luttes
sociales ne peuvent obtenir que ce qu’un État est capable de faire.
Évidemment,
on pourrait en douter puisque l’État, qui pourrait jeter aux oubliettes tous
ces traités antidémocratiques et rétablir la démocratie, ne le fait pas ! Les
dirigeants de la gauche comme de la droite ne le veulent surtout pas. Un État
qui accepte de rester corseté dans la mondialisation néolibérale ne peut pas
établir le plein-emploi, abriter des rapports de force démocratiques, permettre
le progrès social et écologique. Et ce, quel que soit le niveau de mobilisation
populaire, en tout cas tant que nous n’exigeons pas une sortie de cette prison
de fer. L’exemple grec nous le prouve, s’il en était besoin. Ce n’est pas le «
mouvement social » qui débloque à lui seul le verrou du néolibéralisme. C’est
l’organisation collective, la structuration politique de la sortie, forcément
unilatérale dans un premier temps, des institutions qui ont remplacé la
démocratie par les traités et institutions du néolibéralisme, imposant
dérégulation commerciale et financière.
IV.- La financiarisation des
économies nationales et des budgets publics : une arme de destruction massive
contre la démocratie
Le
libre-échange généralisé est donc le premier pilier stratégique de la
mondialisation néolibérale imposant la dissolution des processus démocratiques
nationaux. Le deuxième, complétant à merveille le premier, est la
financiarisation des économies nationales. Ce processus est encore bien plus
complexe que le précédent. Il s’agit néanmoins d’en comprendre les effets
stratégiques et politiques plus que les subtilités techniques.
Réorganisation de la production à l’échelle
mondiale et dérégulation des marchés financiers.
D’abord,
il est facile de comprendre que le libre-échange, afin de produire la pression
qui est attendue, doit pouvoir se traduire par une grande réorganisation de la
production à l’échelle mondiale. Si la production doit pouvoir se déplacer là
où les facteurs de production sont les moins chers à productivité égale, il
faut également que le capital puisse être au moins aussi mobile, afin que les
capitalistes occidentaux qui ont parié sur ce moyen de pression ne perdent pas
leurs moyens de spéculer dans ce processus.
Aucune
entrave ne doit donc plus subsister aux mouvements des capitaux afin de pouvoir
redistribuer la production mondiale là où il existe le moins de rapports de
force défavorables au capital.
Mais
l’intérêt de ce processus pour la stratégie néolibérale va bien plus loin que
cette réorganisation de la production au niveau mondial. Par le biais des
marchés financiers, à l’importance désormais bien plus que décuplée grâce à la
dérégulation financière mondiale, le capital mondial possède une arme
stratégique d’une importance et d’une efficacité qui le renforce comme jamais
auparavant. Tous les États qui ne se protègent pas au niveau des mouvements financiers,
sont désormais extrêmement vulnérables. Étant donné que ce processus est
maintenant bien engagé depuis quelques décennies, le volume et la volatilité
des capitaux au niveau mondial a atteint des proportions jamais vues
jusqu’alors. L’électronique aidant, des sommes spéculatives de l’ordre d’un
budget public national peuvent apparaître ou disparaître en une fraction de
seconde. Là aussi, les dysfonctionnements économiques liés à ce processus sont
proprement gigantesques. Les crises financières mondiales ont bien évidemment
refait leur apparition, mettant à bas les économies réelles à chaque fois.
Comment les États pourraient-ils négocier avec
une ligne informatique anonyme ?
Les
avantages stratégiques, pour les classes dominantes, en valent la peine. Les
possibilités de spéculation ont pris une dimension inédite. Mais surtout, les
marchés financiers dérégulés, énormément agrandis, sont devenus la quintessence
du fonctionnement profond du capitalisme, où l’argent semble faire magiquement
de l’argent, où toutes les positions sont immédiatement réversibles, où seule
fonctionne sans entrave une pure logique de marché. Ils représentent, face aux
États, les exigences du capital mondial, sans que les États ne puissent rien
négocier. Comment négocier avec une ligne informatique anonyme ? Cette place
forte, totalement en dehors des interventions étatiques pour les pays qui ont
accepté la dérégulation, représente le syndic du capitalisme mondial, exigeant
des pays toutes les réformes de structure qui avantagent au maximum les
possibilités de spéculation sauvage. Si elles ne sont pas exécutées assez
profondément ou rapidement, alors les capitaux se retirent massivement,
déstabilisant budgets publics et économie productive.
Le
rapport de force, là aussi, radicalement dégagé de toute contrainte nationale,
est incroyablement favorable au capital. De la même façon qu’un État pourrait
se libérer du libre-échange, un État qui déciderait de supprimer la libre
circulation des capitaux pourrait facilement se dégager de cette
invraisemblable contrainte antidémocratique et viscéralement antinomique avec
la politique au sens fort (impliquant que les sociétés choisissent leur cadre
institutionnel et leurs contraintes propres). Mais, là non plus, ni la gauche,
ni la droite, ni même le FN ne propose de mettre fin unilatéralement (comme la
démocratie et le bon sens l’exigent) à cette incroyable libre circulation des
capitaux, en conjonction avec le libre-échange généralisé, à cette mise sous
tutelle des institutions par le capital mondialisé.
Ces deux piliers sont donc étroitement
corrélés, l’un soutenant l’autre, et les deux allant dans le même sens.
Plus
aucun rapport de force démocratique ne peut plus contraindre le capital à faire
la moindre concession fondamentale. C’est la fin de la politique et partant de
la possibilité même des processus démocratiques, ce qui était, rappelons-nous,
l’objectif fondamental du néolibéralisme en tant que stratégie du capital face
à la menace démocratique des années d’après-guerre. Ces deux piliers sont donc
la source fondamentale des transformations institutionnelles qui ont fait
passer le capitalisme d’une forme soumise à des pressions démocratiques, à une
nouvelle forme presque totalement dégagée des contraintes politiques et nationales.
C’est le secret de son pouvoir décuplé, ce pourquoi nous avons apparemment
mystérieusement subi plus de trois décennies de reculs sociaux continus. Sans
que plus un seul rapport de force ne puisse faire fléchir le capital. Sans ne
plus pouvoir obtenir la moindre conquête sociale substantielle, subissant la
déconstruction méthodique de tout ce que nous avions collectivement eu tant de
mal à obtenir.
Tous
les responsables syndicaux et politiques qui ne proposent pas une rupture
radicale, immédiate, unilatérale, avec ces deux piliers fondamentaux du
capitalisme néolibéral sont objectivement passés du côté du capital, contre le
travail, et contre la démocratie. Ils doivent être combattus pied à pied et
remplacés sans états d’âme.
V.- Les traités internationaux
et les institutions supranationales, assurance-vie du capital pour éviter le
retour des processus démocratiques nationaux, avec l’Union européenne comme
chef-d’œuvre
Il
reste le troisième pilier, celui qui constitue la garantie juridique et
politique pour le capital que l’on ne puisse plus toucher aux deux premiers
piliers vitaux pour lui, qui lui garantissent sa force non seulement retrouvée
mais décuplée. Il s’agit des traités internationaux et des institutions ad hoc
qui servent exclusivement à exécuter ces traités néolibéraux. Ils imposent, à
tous les pays qui les signent et qui entrent dans ces institutions
supranationales, les contraintes de fer de la dérégulation commerciale et
financière, ainsi que tout le programme du néolibéralisme (nous nous sommes ici
tenus à l’essentiel). La réalisation la plus radicale et la plus aboutie de ce
projet est bien évidemment la fameuse «
Union » européenne.
Quelle étrange « union » que celle qui impose
à ses membres la seule et unique concurrence dérégulée comme moyen exclusif de
collaboration économique.
C’est
en fait bel et bien une union. Mais celle des classes dominantes européennes
contre les peuples des pays européens. Avec la complicité de la très grande
majorité des milieux politiques dirigeants et des élites médiatiques,
universitaires et syndicales. Ce beau monde est unanime pour ne surtout pas
proposer de démanteler l’accumulation de traités et d’institutions « indépendantes » (des pressions
démocratiques) imposant à tous les membres de « l’Union » ces piliers de la dérégulation commerciale et
financière, aux vertus si particulières que nous venons de grossièrement
résumer. Ils se sont révélés à l’usage totalement incompatibles avec la
démocratie, et c’est évidemment ce pourquoi ils ont été conçus et mis en œuvre.
Mais les institutions européennes (à l’image de toutes les institutions
supranationales néolibérales, comme l’OMC ou le FMI), rajoutent à ce projet
déjà radical de suppression de la possibilité de la politique, toutes les tares
antidémocratiques spécifiques des traités internationaux et des institutions
supranationales, venant autant compléter que garantir les deux premiers
piliers.
Rappelons
que les traités internationaux ont pour caractéristiques d’échapper aux aléas
de la vie démocratique liés aux alternances politiques et aux rapports de force
démocratiques nationaux.
Ils
ont été conçus pour cela, à l’origine pour des raisons rationnelles, seules
solutions envisageables pour traiter de problèmes spécifiques comme le
règlement des conflits internationaux ou le statut des territoires non
étatiques (océans, zones polaires, espace). Il est bien évident que si le
moindre changement politique interne remet en cause à chaque fois l’accord,
souvent multilatéral, signé et ratifié selon une procédure longue et
laborieuse, il ne servait à rien de signer un traité. C’est ce qui lui garantit
une stabilité institutionnelle contraignante bien supérieure aux lois,
comparable en cela aux constitutions. C’est pourquoi on les réservait
auparavant à ces sujets bien spécifiques, toutes les autres questions ne
relevant que de chaque État souverain et devant se régler selon des procédures
politiques et démocratiques, donc nationales. C’est ce qu’ont bien compris les
classes dominantes.
Si
elles parvenaient à inclure dans cette procédure non démocratique et au moins
aussi stable qu’une constitution, les principes et contraintes du
néolibéralisme, alors les deux piliers cardinaux qui ont chassé la démocratie
comme la mauvaise monnaie chasse la bonne, seraient à l’abri de tout retour en
arrière facile, de toute pression démocratique ou électorale classique. À moins
bien sûr de dénoncer un traité, ce qui est toujours possible, mais coûteux en
termes de relations internationales.
Le très sophistiqué labyrinthe institutionnel
de l’Union européenne.
Mais
la stratégie européenne est bien plus complexe qu’une simple accumulation de
traités. Elle a bâti autour des traités néolibéraux un vaste assemblage
institutionnel ad hoc, conçu tout exprès pour traduire les traités néolibéraux
en contraintes légales. Sans que ces institutions aient bien sûr le moindre
pouvoir de changer une virgule des traités. Puisque ces institutions
supranationales n’émanent pas d’une nation souveraine ou d’une constitution (ce
qui revient au même, seule une nation étant légitime pour détenir la
souveraineté constituante), elles ne peuvent être réputées représenter et
former la volonté générale d’une communauté de citoyens souverains
collectivement. Elles ne sauraient donc produire directement des lois. Mais
elles dirigent néanmoins (par la BCE) la politique monétaire pour les pays
inclus dans l’euro pour leur malheur, avec pour seule directive de juguler
l’inflation, sans aucune courroie de transmission avec le moindre processus
démocratique. Elles surveillent (par la Cour de Justice européenne) de manière
pointilleuse le régime général de libre-échange, créant du contentieux
juridique avec les États qui osent y contrevenir, et toujours sans obéir à des
lois en bonne et due forme, créant donc du droit plutôt que de l’appliquer.
Et
elles concoctent dans une parodie de « parlement européen » (comment un
parlement sans État, sans peuple souverain, sans initiative de la loi, pourrait
avoir le moindre sens ?) les directives qui devront impérativement être
traduites en autant de lois nationales. Elles tiennent donc les parlements
nationaux en tutelle, ce qui est pourtant radicalement contradictoire avec les
principes de base de l’État de droit, et avec toute logique démocratique.
Cette
patiente construction vise donc à dissoudre les souverainetés nationales en les
doublant par d’autres institutions posées comme supérieures en droit (la
hiérarchie des normes pose les traités au-dessus des lois, et désormais nos
propres constitutions incluent ces mêmes traités), inatteignables aux rapports
de force démocratiques, libres de toute conséquence découlant des alternances
électorales. Comme l’Union européenne s’est faite très progressivement et
n’avait pas besoin de détruire formellement pour cela les institutions
spécifiques de l’État de droit, les populations ont eu le temps de s’habituer à
cet environnement institutionnel singulier que l’on ne présentait jamais comme
antidémocratique, et ne se sont aperçues des changements radicaux que cela
produisait que bien plus tard. Une fois qu’étaient déjà formellement ratifiée
une série de ces fameux traités internationaux et qu’ils étaient insérés par
tout cet assemblage d’institutions supranationales toujours présentées comme la
garantie de la paix sur le continent (sans jamais pour autant apporter le
moindre argument, et pour cause). Cet aspect discret, complexe, dissimulé et
progressif de ce piège antidémocratique est toute la beauté de la chose pour
les classes dominantes européennes, échaudées par les retours de manivelle
traumatisants après leur soutien aux procédures antidémocratiques fascistes.
Voilà donc le tableau succinct des trois
piliers stratégiques de la mondialisation néolibérale, le piège le plus
efficace et subtil jamais concocté par les classes dominantes pour échapper aux
rapports de force démocratiques.
Tout
cela en bénéficiant toujours de la légitimation du droit et de l’action des
États, qui restent donc indispensables pour cette raison, garantissant la paix
sociale et l’ordre juridique. C’est la martingale rêvée pour les capitalistes,
le beurre et l’argent du beurre. Avec le soutien indéfectible de la gauche et
de la droite. Un meurtre parfait de la démocratie. Mais si on ne sait pas
qu’elle est morte, comment punir le meurtrier ?
Pour
restaurer la démocratie en démondialisant, il faut disposer d’un programme
réaliste. Le Parti de la démondialisation l’a conçu et le propose aux citoyens.
Il est le seul parti politique qui propose à ses concitoyens un démantèlement
radical de toutes les institutions néolibérales qui ont supprimé les processus
démocratiques à la racine. Puisque les classes dominantes ont été assez
subtiles pour laisser subsister les processus électoraux et les institutions de
l’État de droit, il faut s’en emparer pour restaurer les conditions
institutionnelles qui seules permettent la démocratie.
Il
faut le faire tant qu’il est encore temps et que nous avons encore le souvenir
de l’époque où nous étions collectivement souverains, afin de déclencher ce
sursaut commun, un vaste mouvement politique de restauration de la démocratie.
Puisqu’il s’agit de partir à la reconquête de l’État, il faut disposer d’un
programme précis et concret, opérationnel, qui prévoit tous les innombrables
obstacles à lever qui se dresseraient immanquablement devant une telle
opération. Cela est d’ailleurs tout à fait réalisable pour qui veut bien s’y
pencher sérieusement. Nous l’avons fait. Nous disposons de ce programme
détaillé.
Pour
accéder au programme du Pardem, cliquez ci-dessous :
Ce programme est indispensable pour trois
raisons majeures.
La première
est qu’une telle rupture avec l’état actuel de notre ordre juridique, politique
et institutionnel, exige un soutien massif et clair de la nation. Pour cela il
faut un débat explicite et détaillé en amont de la conquête du pouvoir, afin de
bénéficier de toute la légitimité électorale qui sera nécessaire pour réaliser
les changements constitutionnels et internationaux majeurs que cela suppose. Un
référendum sera bien sûr proposé immédiatement après une éventuelle victoire
électorale, pour notamment supprimer de notre constitution le titre XVI qui
inclut en son sein le traité de Lisbonne, pourtant refusé dans sa forme précédente,
celle du TCE, par la nation souveraine lors du référendum décisionnel de 2005.
Mais un référendum ne remplace pas l’accord majoritaire de la nation lors des
élections nationales soutenant un programme politique proposant une procédure
précise de sortie des institutions européennes. Les deux permettent au parti
politique chargé de réaliser cette rupture vitale de pouvoir s’appuyer sur une
très claire et indispensable légitimité démocratique. Les deux garantissent aux
électeurs qu’ils n’entrent pas dans un processus « à la Tsipras » ou « à la gauche de gauche » style Mélenchon :
votez pour moi et après je négocierai, donc sans rien préciser de concret et
sans s’engager politiquement autrement que sur des objectifs flous et
contradictoires. Comme par exemple promettre à la fois de tout faire pour
rester dans l’Union européenne, et obtenir « l’arrêt
de l’austérité ». Les classes populaires ont pour leur part bien
compris que ceux qui n’exigent pas, dès maintenant, la sortie des institutions
néolibérales, ne le feront jamais une fois arrivés au pouvoir, et ne font pas
ou plus confiance à ces illusionnistes professionnels.
La deuxième raison est une raison pragmatique mais essentielle. Seule l’élaboration d’un
programme qui liste précisément la longue série de toutes les actions
simultanées et successives qu’impliquent une sortie de l’ordre institutionnel
européen permet d’assurer et de vérifier la cohérence et l’efficacité d’une
telle entreprise politique.
Comme
sa réussite suppose la coordination et la rapidité des premières mesures
décisives (comme l’annulation de la dette, la suppression de la liberté de
circulation des capitaux, la fabrication de la monnaie nationale, la
dénonciation des traités, la nationalisation du secteur bancaire, etc.), elles
ne sauraient être improvisées ou présentées à la population et aux pays voisins
au dernier moment, en les sortant d’une pochette surprise. C’est-à-dire sans
bénéficier pour cela de la légitimité provenant de l’onction électorale lorsque
les débats électoraux et donc la victoire électorale ont porté directement sur
cet enjeu. Et ici les procédures référendaires sont beaucoup trop longues pour
ne pas subir les attaques monétaires et financières immédiates, prévisibles en
de telles situations. À côté de l’arrivée au pouvoir d’un parti possédant le
mandat populaire pour sortir de l’Union européenne, 1981 ressemblera à une
partie de pique-nique. Il s’agit donc de ne pas reproduire les mêmes erreurs.
Il existe une troisième raison pour disposer d’un vaste programme de gouvernement détaillé
pour le Pardem. Puisqu’il s’agit de prendre la tête de l’État pour restaurer
les principes de l’État de droit et démondialiser, il serait tout à fait
stupide de simplement retourner à l’époque précédente, l’État social des
décennies d’après-guerre. Certes cela serait déjà un progrès gigantesque par
rapport à la tragique situation actuelle. Mais ce serait perdre une occasion
historique pour démocratiser l’État et affaiblir très significativement le
capitalisme, ce qui d’ailleurs signifie pour bien des sujets la même chose.
Il
ne s’agit pas naturellement de tenter une Union soviétique bis. Le contre
modèle historique qu’incarne cette tentative de bâtir un capitalisme d’État,
autoritairement centralisé, sans inclure la nécessité de le démocratiser, est
l’antithèse de notre projet. Il s’agit encore moins de bâtir une Corée du Nord,
isolée du reste du monde.
La démondialisation ne signifie absolument pas
l’autarcie, projet qui serait aussi fou que ridicule.
La
coopération avec tous les pays qui résistent au néolibéralisme, comme par
exemple une partie de l’Amérique du Sud, est bien entendu un objectif qui tombe
sous le sens.
Mais
les échanges commerciaux et de tout ordre sont aussi à prévoir avec tous les
pays voisins et autres. La France fait partie des dix premières puissances
économiques, et tous les principaux pays occidentaux, tout aussi hostiles
soient-ils à un tel projet, seront bien obligés de commercer avec nous. Et nous
aussi. Seulement nous serons de nouveau capables d’imposer nos conditions pour
les importations, comme tous les pays souverains et les puissances commerçantes
qui ne se sont pas lié les mains dans le piège du « libre-échange ».
En
outre, il est plus que probable que si un tel projet aboutit, il impulsera une
dynamique similaire dans les pays enferrés dans le piège antidémocratique de «
l’Union » européenne. Nous
aurions donc à terme des partenaires réels, avec qui nous pourrions non
seulement commercer, mais encore coopérer économiquement, ce qui est impossible
depuis des décennies dans le cadre de « l’Union
» européenne.
Ceux,
à gauche, qui condamnent les projets de sortie de l’Union européenne parce
qu’ils seraient des projets de « repli sur
soi » marchent sur la tête. C’est l’UE et ses mécanismes
automatiques de concurrence dérégulée comme unique moyen d’échange économique
entre pays européens qui provoque les réactions de repli sur soi nationalistes,
comme celles sur lesquelles surfe le FN, et que ce dernier entretient
soigneusement. Ceux qui veulent à tout prix conserver les institutions
européennes, et ce au prix de la démocratie, piétinent de surcroît
l’internationalisme réel, celui qui laisse la possibilité aux pays souverains
de coopérer pacifiquement, et aux nations qui ont mis à la tête de leurs États des
formations politiques progressistes, le moyen de renforcer leur émancipation
par une collaboration étroite entre elles, comme tentent de le faire les
nations sud-américaines les plus avancées. Ceux qui, comme le Pardem, à
l’opposé du FN, ne confondent pas le nationalisme avec le concept politique de
nation, la souveraineté avec l’égoïsme national, et qui proposent de restaurer
les processus démocratiques et le démantèlement du néolibéralisme, sont les
seuls à proposer une solution réaliste pour permettre à nouveau la coopération
internationale.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire