samedi 5 septembre 2015

l'exercice du pouvoir - selon de Gaulle... en 1929 (Le fil de l'épée - école de guerre, conférence en présence de Pétain)




Encore, pour s’attacher à l’essentiel et rejeter l’accessoire, décomposer l’action en plusieurs actes, répartir la tâche entre tous de façon que chacun concoure au but commun, faut-il au chef la capacité d’embrasser les ensembles, d’attribuer aux objets l’importance relative qu’ils méritent, de discerner les enchaînements et les limites. Or, cette aptitude à la synthèse ne va pas sans une puissante capacité de réflexion, car on ne peut distinguer les grandes lignes des détails, ni comparer les valeurs sans y rassembler tout l’effort de la pensée, de même qu’au stéréoscope on n’aperçoit pas le relief d’une image sans y concentrer la vue. C’est pourquoi tous les grands hommes d’action furent des méditatifs. Tous possédaient, au plus haut degré, la faculté de se replier sur eux-mêmes, de délibérer au-dedans. Tous auraient pu dire, comme Napoléon : « L’homme de guerre doit être capable de considérer fortement et longtemps les mêmes objets sans en être fatigué ».

Le fil de l’épée (1ère édition : 1932) pp. 31-32


Encore faut-il que ce dessein, où le chef s’absorbe, porte la marque de la grandeur. Il s’agit de répondre, en effet au souhait obscur des hommes à qui l’infirmité de leurs organes fait désirer la perfection du but, qui, bornés dans leur nature, nourrissent des vœux infinis et, mesurant chacun sa petitesse, acceptent l’action collective pourvu qu’elle tende à quelque chose de grand. On ne s’impose point sans presser ce ressort. Tous ceux dont c’est le rôle de mener la foule s’entendent à l’utiliser.
Le fil de l’épée, p. 99


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