mardi 30 août 2016

rédaction (suite)



Le mouvement social et ce qu’il a, éventuellement, de politique – ces formulations sont scolaires, pas vécues – ne me paraissent ainsi que depuis une quinzaine d’années. Réponse aux politiques. Et il faut distinguer une manifestation mobilisant dans toute la France une partie plus ou moins forte de la population d’une contestation et de réclamations appuyées par une grève, voire des violences qui ne portent que sur des revendications de prix à la production, de salaires pour les employés d’une entreprise. Et s’il n’y a pas de grève sans manifestations puisqu’il convient d’expliquer les motifs de la grève aux tiers, à l’opinion nationales ou locale, il y a des manifestations aux horaires calculés qui n’accompagnent aucun arrêt de travail, et valent par leur seule ambition d’afficher un soutien ou un mécontentement.

La situation sociale de ma famille, de mes parents et de mes grands- parents, puis ma propre orientation professionnelle : la fonction publique d’animation puis d’autorité, ne m’ont donné aucune expérience ni de la manifestation de rue, ni même d’un simple chahut d’assemblée ou d’amphithéâtre, ni a fortiori d’une grève. Mon grand-père paternel, médecin puis dentiste libéral (passé du plus prestigieux mais sans horaire au plus sédentaire parce que les tranchées avaient eu raison de sa santé), mon père, dans l’équuipe dirigeant de compagnies nationales d’assurances, n’avaient ni matière ni position pour faire grève. Mon grand-père maternel, ingénieur polytechnicien, entré dans les chemins de fer – le secteur privé, les Rotschild pour la Compagnie du Nord, a été au contraire « briseur de grèves », conduisant le métro parisien en 1919 ou des trains d’évacuation du charbon, voire du trafic de voyageurs, en Rhénanie occupée par nous en 1923. Par métier, il est de ceux qui veulent et ne sont heureux quand ou si cela marche. Il fit ainsi fonctionner à nouveau les chemins de fer corses sans réaliser que son exploit en organisation et en technique était un fait avéré de collaboration avec l’occupant italien… La vie étudiante au tout début des années 1960 est politiquement orientée par la guerre d’Algérie, alors que ma classe d’âge – quand elle entreprend des études supérieures – est majoritairement sursitaire. La question est seulement de manifester pour la paix, en pratique de grossir les rangs du Parti communiste, même de se mêler aux soutiens du F.L.N. (la rébellion armée contre la France, contre nous : c’est ainsi que je le considère alors) ou de faire grève de l’assistance aux cours rue Saint-Guillaume pur afficher son hostilité à l’O.A.S. Je suis pour la paix mais je confiance à de Gaulle, donc pas de manifestation active elle serait de défiance. Je ne soutiens évidemment pas l’O.A.S. qui vise de Gaulle et tentera à plusieurs reprises de l’assassiner, mais je refuse l’obligation de faire grève et suis donc de la dizaine sur plusieurs centaines d’élèves à « Sciences-Po. » à ostensiblement venir aux heures de cours qui n’ont pas lieu et à travailler en bibliothèque. La direction nous compte.



mardi 30 Août 2016 . Reniac à ma table de travail,
de 21 heures 46 à 21 heures 58

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